1 Plusieurs usines Daihatsu, filiale de Toyota, on cessé leur production en raison d’irrégularités dans les tests de certification des moteurs diesel et de problèmes liés à des tests de sécurité en cas de collision. Ceci a entraîné un recul des immatriculations de 8,9% au premier trimestre 2024 par rapport au trimestre précédent.
2 L’augmentation des coûts salariaux unitaires a en effet été plus que compensée par la forte progression du déflateur de la valeur ajoutée.
En 2024, la croissance a été quasi-nulle en moyenne annuelle, en raison d’un acquis négatif et d’un mauvais début d’année (lié à l’arrêt de la production dans plusieurs usines du groupe Toyota1). À partir du deuxième trimestre 2024, la demande intérieure puis le commerce extérieur ont soutenu la croissance. Malgré l’inflation élevée, la consommation des ménages s’est redressée, soutenue d’abord par l’augmentation des salaires nominaux (grâce aux négociations du printemps 2024, aux bonus d’hiver et à la hausse du salaire minimum) et ensuite par la baisse du taux d’épargne, ce dernier restant néanmoins supérieur à son niveau de 2019. L’investissement productif a crû de 1,4% en 2024 en moyenne, bénéficiant de la hausse du taux de marge depuis mi-20222 et de conditions de financement toujours accommodantes.
La croissance serait modérée en 2025 et 2026 (respectivement 1,1% et 0,6%3), dépassant la croissance potentielle, estimée à 0,5% par le Cabinet Office et l’output gap deviendrait positif. Nous faisons l’hypothèse que la politique commerciale américaine amputerait la croissance de 0,2 point en 2026 : d’une part, via les importations directes japonaises d’aluminium et d’acier aux États-Unis ; d’autre part, en raison des mesures de rétorsion contre le Mexique, pays où de nombreuses usines japonaises de production d’automobiles se sont installées pour exporter plus facilement vers les États-Unis. Lors d’une rencontre en février 2025 avec le président américain, le premier ministre japonais avait convenu d’une coopération accrue d’un point de vue énergétique entre les deux pays et s’était engagé à se fournir davantage en GNL auprès des États-Unis pour aller vers un rééquilibrage de la balance commerciale entre les deux pays au profit des États-Unis.
3 La croissance serait plus forte en 2025 qu’en 2026, uniquement en raison de l’effet d’acquis.
4 Au contraire, l’inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) reste proche de 2% (1,5% en février 2025), excluant des tensions inflationnistes structurelles.
La question de l’inflation constitue toujours un casse-tête pour les autorités japonaises. Ardemment attendue à la suite d’une longue période de déflation ayant débuté en 1994, l’inflation totale est supérieure à 2% depuis avril 2022 et atteignait 3,6% en février 2025.4 Le rythme assez élevé de cette dernière permet aux syndicats de demander des progressions de salaires nominales élevées, enclenchant une boucle prix-salaires bienvenue, mais l’inflation est telle que pour le moment le pouvoir d’achat des ménages et la consommation privée en pâtissent. Pour sortir durablement de la déflation, la Banque du Japon a maintenu ses taux directeurs à zéro de février 2016 à mars 2024 (et ne les a augmentés que trois fois depuis lors) et le gouvernement a opté pour des aides gouvernementales massives depuis 2022 face au faible niveau du yen qui renchérit fortement les prix des biens importés. Ces mesures temporaires ont été régulièrement prolongées pour limiter l’impact de la hausse des prix à la pompe et des factures de gaz et d’électricité sur le budget des ménages. Le gouvernement tente de sortir de cette situation et a réduit mi-janvier 2025 les mesures d’aide à la pompe introduites en janvier 2022, tout en remettant en place de février à avril 2025 des subventions pour les factures de gaz et d’électricité (introduites en février 2023). Un autre paramètre tient à l’inflation alimentaire qui reste élevée (7,6% en février 2025) et dont le poids important dans l’inflation totale (22%, contre 17% dans la zone euro par exemple) pèse particulièrement sur le budget des ménages (encadré 18.1).
Malgré l’inflation toujours élevée à court terme, la consommation des ménages bénéficierait de créations d’emplois et de progressions salariales favorables. Les premières négociations salariales du printemps 2025 rendues publiques par Rengo, la plus importante confédération de syndicats, prévoient des augmentations de l’ordre de 5,4%, dont 3,8% pour le salaire de base (indépendamment des 1,6% en moyenne de croissance liée à la hausse automatique à l’ancienneté des salariés). Les hausses de salaires seraient donc légèrement supérieures à celles de 2024 (5,1%) et bien plus fortes que les années précédentes. Après avoir rebondi fin 2024 et début 2025 avec la fin temporaire des mesures de soutien à l’énergie et une inflation alimentaire plus structurelle, l’inflation baisserait, à 3,3 % en 2025 en moyenne, puis 2,3% en 2026. Dans ce contexte, la BoJ qui a remonté les taux directeurs en janvier 2025, à 0,5%, augmenterait à nouveau les taux mi-2025 puis en 2026, pour atteindre 1% et le yen s’apprécierait légèrement pour atteindre 145 dollars en 2026, en raison d’un moindre écart de taux directeurs avec les Etats-Unis. Le budget supplémentaire approuvé en décembre 2024 (mesures énergétiques, aides pour les ménages à bas revenus, …) et la hausse des dépenses dans le domaine de la défense5 se poursuivrait en 2025, se traduisant par une politique budgétaire expansionniste en 2025. Nous faisons l’hypothèse que la politique budgétaire serait légèrement restrictive en 2026, avec la fin d’un certain nombre de mesures de soutien aux ménages.
5 Le budget pour la défense est passé de 0,9 % du PIB durant l’année fiscale 2022 à 1,3% pour l’année fiscale 2024. L’augmentation serait de 0,2 point de PIB pour l’années fiscale 2025. L’objectif est d’atteindre 2% en 2027.
en % |
2024
|
2025
|
de 2024t3 à 2026t4 |
2024
|
2025
|
2026
|
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T3 | T4 | T1 | T2 | T3 | T4 | |||||
PIBa | 0,4 | 0,6 | 0,1 | 0,1 | 0,1 | 0,1 | 0,1 | 1,1 | 0,6 | |
PIB par habitanta | 0,5 | 0,7 | 0,2 | 0,3 | 0,3 | 0,3 | 0,6 | 1,6 | 1,1 | |
Consommation ménagesa | 0,7 | 0,0 | 0,1 | 0,1 | 0,1 | 0,1 | −0,0 | 0,9 | 0,6 | |
Consommation publiquea | 0,1 | 0,4 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 0,9 | 0,7 | 0,2 | |
FBCF totalea,b | −0,2 | 0,2 | 0,2 | 0,2 | 0,2 | 0,2 | 0,3 | 1,1 | 0,8 | |
dont : productive privéea | 0,0 | 0,4 | 0,2 | 0,2 | 0,2 | 0,2 | 0,7 | 1,2 | 0,8 | |
logementa | 0,5 | −0,2 | −0,1 | −0,1 | −0,1 | −0,1 | −2,4 | 0,2 | −0,4 | |
APUa,b | −1,2 | −0,7 | 0,2 | 0,2 | 0,2 | 0,2 | −1,2 | 0,7 | 0,8 | |
Exportationsa,c | 1,5 | 1,0 | 1,5 | 0,1 | 0,5 | 0,5 | 1,0 | 3,9 | 1,9 | |
Importationsa,c | 2,0 | −2,1 | 1,5 | 0,2 | 0,6 | 0,5 | 1,3 | 2,2 | 2,0 | |
Demande intérieurea,d,e | 0,4 | 0,2 | 0,1 | 0,1 | 0,1 | 0,1 | 0,3 | 0,9 | 0,6 | |
Variations de stocksa,e | 0,1 | −0,2 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | −0,1 | −0,2 | 0,0 | |
Commerce extérieura,c,e | −0,1 | 0,6 | 0,0 | −0,0 | −0,0 | 0,0 | −0,0 | 0,4 | 0,0 | |
Inflationf | 2,8 | 2,9 | 3,5 | 3,3 | 3,1 | 3,1 | 2,7 | 3,3 | 2,3 | |
Taux de chômageg | 2,5 | 2,5 | 2,5 | 2,5 | 2,5 | 2,5 | 2,5 | 2,5 | 2,5 | |
Déficit publich | — | — | — | — | — | — | 5,0 | 5,0 | 4,6 | |
Dette publiqueh | — | — | — | — | — | — | 247 | 242 | 240 | |
Sources : Official Statistics of Japan, Cabinet Office, FMI, prévision OFCE avril 2025. | ||||||||||
a En volume, aux prix chaînés. b FBCF : Formation Brute de Capital Fixe ; APU : Administrations Publiques. c Biens et services. d Demande intérieure hors variation de stocks. e Contribution à la croissance du PIB. f Evolution de l'indice des prix de consommation harmonisés (IPCH, sauf USA et France IPC). Pour les trimestres, glissement annuel (T/T(-4)) des prix. Pour les années, croissance moyenne annuelle des prix. g Au sens du BIT, en % de la population active. Pour les trimestres moyenne trimestrielle,
pour les années, moyenne annuelle. h En % du PIB annuel, en fin d'année.
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